Deauville, la renaissance

Une semaine après celui de Biarritz, le festival de Deauville ouvre ses portes, dirigé de main de maître par Alain Bekerman, qui se consacre toute l’année à faire de ce tournoi un rendez-vous privilégié. Son objectif est double, attirer un maximum de joueurs régionaux, ceux de notre verte Normandie, et de réussir à convaincre les joueurs de troisième et deuxième séries de venir se mélanger et affronter les joueurs classés en première série. Pari parfaitement réussi.

Le festival débute par le “tournoi normand” qui, pour la seconde année, a obtenu un franc succès avec près de deux cents paires à son actif. Tout au long des différents tournois, Normand, Open, Patton, IMP et Mixte, Alain Bekerman veille à ce que tous les joueurs soient satisfaits et multiplie les cadeaux par tirage au sort, pour finir par une distribution de prix élargie à toutes les séries et des prix spéciaux pour les nombreux juniors venus des quatre coins de la France. Tout le monde est content !

Parasols sur la plage de Deauville (Crédit : Guillaume Paumier, CC-BY)
Les planches de Deauville (Crédit : Kamel15)

Voici deux problèmes de bridge que je vous propose de résoudre.

L’entame est sensée être ma spécialité, il fallait que je le prouve dans un match du Patton qui opposait mon équipe à celle d’Alexandre Kilani, grand vainqueur de cette épreuve. Voici mon jeu en Ouest :

Et la séquence :

Une séquence aussi brutale qu’inhabituelle mais qui donne beaucoup plus de renseignements qu’elle n’en laisse paraître. Quand un joueur, et surtout un très bon joueur, déclare un chelem vulnérable en pleine attaque sans poser le Blackwood ni vérifier les contrôles, vous pouvez être sûr qu’il ne va pas chuter à la première levée et qu’il a une distribution très irrégulière. Ici, Sud a un bicolore Carreau-Cœur, une chicane à Pique ou à Trèfle, et le Roi dans l’autre couleur. Entamer d’un As ne peut pas être une bonne idée. Soit il est coupé avec les risques de voir le Roi du mort affranchi, soit il passe, et c’est le Roi de la main du déclarant qui est affranchi. Entamer à Carreau, sous le Valet quatrième, n’est pas plus satisfaisant et ne peut qu’aider le déclarant à affranchir sa couleur secondaire. Donc, par déduction, il ne reste plus qu’à entamer de votre singleton d’atout, une fois n’est pas coutume. Voici les quatre jeux :

Pour Alexandre Kilani, l’absence d’un cinquième atout a été une cruelle désillusion, l’entame à l’atout ne lui laissait presque plus aucune chance (As de Trèfle troisième et atouts 2-2). Amusez- vous à réussir douze levées sur l’une des trois autres entames.

Pour finir, voici un exercice de style à l’enchère. Déclarer un grand chelem en tournoi par paires est une entreprise périlleuse, avec le plus souvent à la clé un top ou un zéro. Dans l’épreuve par paires, Dominique Portal et Frédéric Volcker ont bien mérité leur note de 95% en déclarant ce joli 7 Trèfles.

Dominique Portal en Sud aurait pu redemander à 1SA. L’enchère de 2♣️, qui montre souvent six cartes, simplifie la tâche du répondant, Frédéric Volcker, qui impose l’atout Trèfle en situation forcing en sautant à 4♣️ (après la troisième couleur forcing à 2♦️, 3♣️ est également forcing mais moins percutant) pour prendre le capitanat et nommer le grand chelem après Blackwood, sur la réponse de 5♠️ qui montre deux clés et la Dame d’atout.

Une bonne ligne de jeu sur l’entame à Carreau. As de Carreau, As de Pique et Pique coupé. Dame de Trèfle et Trèfle pour le Roi :

  • Si les Trèfles sont 3-2, Pique coupé du Valet de Trèfle et atout pour le mort.
  • Si les Trèfles sont 4-1 il faut trouver les Piques 3-3.

Le palmarès

Alain Bekerman et les vainqueurs du Tournoi Normand

Tournoi normand

  1. Adrien Vinay – Luc Bellicaud (69,59%)
  2. Danièle Avon – Franck Riehm (68,87%)
  3. Dominique Hirtz – Claude Nigron (64,27%)
Guillaume Grenthe et Philippe Molina

Grand open de Deauville

  1. Philippe Molina – Guillaume Grenthe (62,98%
  2. Frédéric Sarian – Rémy Cauchard (62,87%)
  3. Michel Bessis – Michel Eidi (60,78%)
Marlène et Michel Duguet

Patton de Deauville

  1. Alexandre Kilani, Geneviève et Jean-Pierre Geneslay et François Raynaud
  2. Esteban Vallet, Romain Bloch, Louis Bonin et Nao Tabata
  3. Philippe Coenraets, Jean-François Jourdain, Patrick Bocken et Olivier Nève

Tournoi IMP

  1. Gert Jan Paulissen – Sam Bahbout (107)
  2. Michel Bessis – Franck Riehm (102,4)
  3. Joanna Zochowska – Pierre Schmidt (98)

Paires mixtes AFER

  1. Marlène et Michel Duguet (65,29%)
  2. Joanna Zochowska – Pierre Schmidt (65,25%)
  3. Anne Rouanet-Labé – Michel Bessis (64,61%)

“L’organisateur a réussi quelque chose de très difficile, à savoir ramener les joueurs locaux, les festivals ayant historiquement de plus en plus tendance à être désertés par les joueurs de club. La formule : un tournoi d’une journée seulement, avec un buffet et des animations le soir ! J’aimerais bien dire que j’ai bien joué mais le hasard est de loin le facteur le plus important sur ces formats courts !”

Luc Bellicaud, Ambassadeur Funbridge et vainqueur du Tournoi Normand

Luc Bellicaud

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9 commentaires

    • Une réussite éclatante pour cette deuxième édition. Un grand merci à Alain Beckerman et à son équipe pour avoir su redonner à ce festival tout son prestige dans une ambiance festive . Les joueurs ne s’y sont pas trompés et sont venus nombreux rencontrer les champions dans la somptueuse salle des ambassadeurs du casino Barrière. Ces rencontres ont su prouver que le bridge n’est pas une activité confidentielle et ésotérique mais un grand moment de partage et aussi l’occasion de faire la fête .
      Merci surtout à Alain , Rémi et Emmanuel pour leur engagement sans faille.
      À l’année prochaine. Monique

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