Résultats et compte-rendu des World Bridge Series d’Orlando 2018

Jérôme Rombaut, vice-champion du monde de bridge 2017 et membre de l’équipe Funbridge, participait au World Bridge Series d’Orlando qui se déroulaient du 21 septembre au 7 octobre derniers. Il nous livre en exclusivité son compte-rendu de la compétition.

World Bridge Series d'Orlando

Les World Bridge Series d’Orlando étaient composés de :

  • 4 épreuves par équipe : la Rosenblum Cup, la McConnell Cup, la Rand Cup et les Mixed Teams.
  • 4 épreuves par paires : Open, Dames, Seniors, Mixte.

La Rosenblum Cup (Open)
World Bridge Series d’Orlando

Le principe : 3 jours d’éliminatoires à l’issue desquels les 64 premières équipes étaient qualifiées pour les 32èmes de finale. Les jours qui suivent sont composés d’un tour par élimination directe,  32èmes puis 16èmes et ainsi de suite jusqu’à la finale qui elle durait deux jours.

C’est l’équipe Zimmermann avec 6 monégasques qui a remporté cette épreuve. Elle était composée des joueurs suivants : Pierre Zimmermann (ex-Suisse), Franck Multon (ex-Français), Geir Helgemo (ex-Norvégien), Tor Helness (ex-Norvégien), Piotr Gawrys (ex-Polonais), et Michal Klukowski (ex-Polonais).

Cette équipe a remporté toutes les épreuves les plus prestigieuses ces dernières années et je dois dire que ce qui me bluffe tout particulièrement, ce sont leurs résultats dans le money-time, regardez-plutôt :

Qualifications : après 9 matchs sur 10, l’équipe s’est classée 63ème sur 96 et va donc jouer un match décisif contre le 64ème, le vainqueur du match sera qualifié ! Inutile de dire qu’une élimination au tout premier stade aurait été retentissante. Ils gagneront le match 17 IMP à 9 et se qualifieront logiquement pour les 32èmes de finale.

32ème de finale : opposés à une solide équipe chinoise, ils gagnent le premier set de 20 points mais seront défaits les deux suivants assez largement pour se retrouver menés 118 à 91 avant le dernier segment. 27 points en 14 donnes, dur à remonter ? Une paille, ils gagneront ce dernier set 53 à 17 !

16ème de finale : contre une jeune équipe américaine, ils perdent le premier segment mais gagnent assez largement les 3 suivants pour une victoire 141-77.

8ème de finale : même chose contre des Polonais, ils perdent le premier segment mais gagnent assez largement les 3 suivants pour une victoire 110-44.

¼ de finale : contre des Indiens, ils gagnent encore 3 sets sur 4 pour s’imposer assez tranquillement 110-83.

½ finale : contre de jeunes amis américains, ils livreront encore un match à gros rebondissements ! Après avoir perdu largement le premier segment 53-12, ils reviennent progressivement pour n’être plus menés que 105-82 avec 14 donnes à jouer, ils sortiront encore une énorme mi-temps 39-12 pour l’emporter de 4 points sur la dernière donne ! Score final 121-117.

Finale : contre l’équipe italienne, la finale sera à sens unique, il n’y aura pas de match pour une victoire finale 241-162.

Non seulement ces joueurs sont très forts au bridge mais ils ont vraiment une capacité à se surpasser dans les derniers instants qui les rend presque imbattables. Vous pouvez d’ailleurs retrouver l’interview de Pierre Zimmermann après les 32èmes de finale qui me disait « nous allons maintenant dérouler jusqu’à la victoire finale » !

Le paire Open
World Bridge Series d’Orlando

Le principe : 3 jours d’éliminatoires, 2 jours de demi-finales et deux jours de finale.

Ce qui était intéressant, c’est que les éliminés de la Rosenblum Cup pouvaient intégrer le paire le lendemain au stade en cours.

Par exemple, les perdants de la demi-finale de la Rosenblum Cup intégraient directement la finale du paire ! Mais il faut dire que sur les 6 paires concernées, une seule paire a choisi de le faire car les joueurs se sentaient épuisés et terriblement déçus…

Nous avons brillé avec mon partenaire puisque nous étions encore 2èmes sur 6 avant la dernière séance de la finale et encore 3èmes à deux donnes de la fin.

Malheureusement, ces deux dernières donnes ont été très mauvaises et nous avons été rétrogradés à la cinquième place…

Dommage car les deux premières places du podium étaient occupées par des amis à nous :

  • 1ers: les jumeaux Rimstedt (Suédois) qui sont encore juniors (-25 ans !)
  • 2èmes: les Américains Grue-Moss (qui nous avaient déjà battus en finale des championnats du monde à Lyon en 2017)

Voici 3 donnes jouées pendant cette épreuve :

Finale A – Séance 4 – Donne 12 – Jouée par Rombaut

Rombaut en Nord et Lhuissier en Sud contre Golebiowski Janiszewski

Nord Sud

 

S R 10 8 6
H A V 8
D 8 7
C R D 10 3
S D 9 7 2
H 7 4 3
D V 6 2
C 9 8 7
orientation S 4 3
H R D 10 5
D R 9 5 3
C A 6 4
S A V 5
H 9 6 2
D A D 10 4
C V 5 2 

Entame D♥ duquée
Retour ♦ : pour la Dame
♣ pour la dame duquée
Roi de ♣ duquée
♣ pour le Valet pris de l’As et retour ♦ pour l’As

A ce moment-là, je visualise bien 4♥4♦3♣ en Est et je joue donc la dame de ♠ en Ouest.
Je joue donc le Valet de ♠ du mort couvert par la dame et cela me permet de remonter à l’As de ♠ pour rejouer ♠ et capturer ensuite le 9 quatrième.

Résultat : 3SA +1 pour 72%.

½ finale A – Séance 2 – Donne 17 – Jouée par Nicolas Lhuissier

Contre Hegedus Bodis

 

Nord Sud

 

S A 4
H A 9 6 5 4 3 2
D R 7
C 7 4
S 2
H 8
D V 10 5 4 3
C R 10 9 8 6 5
orientation S D 10 6
H R D V 10
D 6 2
C A D 3 2
S R V 9 8 7 5 3
H 7
D A D 9 8
C V

Entame 3♦

Il faut faire une coupe de la main courte à ♦. Attention à ne pas se faire surcouper si les ♦ sont 5/2 car ensuite on subirait un uppercut, les adversaires communiquant à ♣, puis Ouest rejouerait un 4ème tour de ♦.
Nicolas a joué précautionneusement : ♦ pris du roi puis ♣ à blanc, retour ♦ pris de l’As, puis ♦ coupé et surcoupé. Maintenant, quand Est rejoue ♣, on peut couper et tirer l’As d’atout, puis rentrer en main par la coupe d’un ♥ pour battre le dernier atout.

Résultat : 4♠ +1 pour 68%.

Eliminatoire – Séance 6 – Donne 21 – En flanc

Contre Punch Peterkin

Nord Est Sud Ouest

 

S D 5 3
H 10 2
D A D V 8 7 5 4
C 3
S 10 9 8 6 4 2
H A R 8 4
D –
C R 9 7
orientation S V 7
H 7 6 5
D 10 9
C A D V 10 4 2
S A R
H D V 9 3
D R 6 3 2
C 8 6 5

Entame 3♣

Le déclarant prend de la Dame de ♣ puis joue atout que Nico prend du Roi.
Retour petit ♣ et là je défausse en Nord (peu de joueurs l’ont trouvé quand j’ai posé le problème).
Est rejoue atout mais Nico prend de l’As et rejoue ♣ que je coupe.
As de ♦ pour sortir et on fait deux ♥ sur la main pour deux de chute alors que sur 30 paires ayant joué 4♠ (la plupart contré), tous sur entame ♣, on est la seule paire à avoir battu le contrat et de deux levées ! Seule une autre paire a battu de 1 mais sur entame à ♥.
Malheureusement, beaucoup de paires gagnent 3SA en NS sur entame ♠ ou arrivent à jouer 4♦ donc le résultat n’est pas non plus mirifique.

Résultat : 4♠ -2 pour 61%.

Le mixte
World Bridge Series d’Orlando

Je dois dire qu’autant la première semaine était très bien organisée, autant il manquait quelques jours pour cette semaine. Pour la Rosenblum Cup, les matchs par KO ne se jouaient qu’en 28 donnes avec donc deux tours par jour.

Victoire finale de l’équipe Manfield (Mélanie Manfield, William Pettis, Debbie et Michael Rosenberg, Beth Palmer, William Cole) contre l’équipe Wilson (Alison Wilson, Ricco Van Prooijen, Sally Brock, Chris Willeken, Magdalena Ticha, Richard Ritmeijer) 133 à 81.

Pour le paire, la formule était deux jours d’éliminatoires puis une seule journée de demi-finale et une seule journée de finale.

Cela nous a d’ailleurs très largement désavantagés car avec ma partenaire (préférée) Vanessa Réess, nous avons terminé en tête des 2 jours d’éliminatoires mais aucun carry-over n’était conservé pour la ½ finale (scores remis intégralement à 0). Nous n’avons finalement pas réussi à nous qualifier pour la finale à un ½ TOP.

Heureusement, la finale verra nos amis français briller avec une superbe victoire de nos deux champions : Sylvie Willard et Franck Multon (qui gagnent avec une avance considérable et une moyenne exceptionnelle de 63% !), ainsi qu’une belle médaille de bronze de Bénédicte et Philippe Cronier.

La deuxième place revient aux Américains Petra Hamman et Hemant Lall.

Les World Bridge Series d’Orlando est vraiment un beau championnat, vivement le prochain !

 

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